Avant d’expliquer à l’Esthéticienne le mécanisme de l’absorption cutanée il importe d’établir une distinction importante mais fort souvent négligée entre :
L’absorption cutanée
- l’absorption transcutanée, proprement dite, qui implique la diffusion de la substance dans différentes couches de la peau et même au-delà, dans toute l’économie organique, par le circuit sanguin et lymphatique
- l’assimilation cornée, étrangère à la première, représentée par la combinaison directe de certains constituants des produits de beauté avec la kératine formant la couche de l’épiderme
- l’imbibition de la couche cornée au moyen de préparations qui provoquent son gonflement
L’assimilation cornée
Le biologiste J. Przylecki, s’inspirant des travaux de Machebeuf, publiait en 1937 dans les Comptes rendus du IV e congrès de Chimie Biologique le résultat de ses essaies sur des combinaisons possibles de protéïnes avec certains corps organiques et inorganiques.
Or, la kératine, substance principale de la couche cornée, étant une scléro-protéïne, les techniciens des Laboratoires Gattefosse étudièrent ces combinaisons pour des préparations cosmétiques et observèrent des modifications intéressantes de certaines caractéristiques cutanées.
On peut fixer des corps gras sur la kératine et la maintenir dans un certain état d’humidité en lui faisant absorber des graisses ou des constituants gras hydrophiles.
Les produits de beauté qui contiennent ces corps s’insèrent entre les cellules aplaties et font corps avec les lipides naturels. Ils contribuent aussi à donner à la couche cornée, une certaine turgescence.
Les peaux fines, sèches, délicates et sensibles aux intempéries sont les grandes bénéficiaires de l’assimilation cornée.
Un exemple d’assimilation cornée nous est fourni par les brunisseurs magiques, récemment introduits sur le marché, qui procurent en quelques heures et sans exposition préalable aux rayons solaires l’équivalent du hâle naturel.
Ces produits sont à base de Dihydroxy-Acetone ; il ne s’agit pas d’un colorant, ni d’un facteur favorisant la pigmentogénèse, mais d’une substance qui se combine avec les acides aminés de la kératine et lui donne une coloration brunâtre résistant aux lavages.
Elle disparaît au bout de quelques jours, au fur et à mesure que se produit l’élimination normale, physiologique des cellules cornées exécuter, laissant des zébrures, fait l’application d’un peeling léger, du type coup de gomme et enlève la couche desquamation colorée par le phénomène de l’assimilation cornée.
L’imbibition de la couche cornée
Le problème de l’imbibition de la couche cornée a été exposé par Marcel Gattefosse, au cours d’une conférence que cet ingénieur-chimiste fit à Milan en décembre 1958 à l’occasion de la remise des diplômes à 22 Esthéticiennes de l’Ecole d’Esthétique et de Cosmétologie de cette ville.
Je me servirai des mêmes paroles de M. Gattefosse, car il me serait difficile de vous l’expliquer et de vous en souligner l’intérêt avec plus de clarté.
L’aspect des couches les plus externes de la peau, la couche cornée — stratum corneum — et la couche dessamante — stratum disjunctum — jouent un rôle de la plus grande importance sur la beauté du visage.
La couche cornée est constituée, vous le savez, de cellules kératinisées aplaties, déshydratées, liées entre elles par des matières grasses. Lorsqu’on la regarde au microscope elle montre les aspérités de ces cellules dont certaines sont en voies de desquamation totale.